Claude Le Roy, entraineur des Léopards de la RDC
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Les Léopards de la République démocratique du Congo(RDC) sont qualifiés pour la 29
e
édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) dont la phase finale se
déroulera du 19 janvier au 10 février 2013 en Afrique du Sud.
L’entraineur principal de la sélection nationale congolaise, Claude
Leroy, a indiqué que son équipe prendrait chaque match au sérieux.Dans
une interview accordée lundi 15 octobre à Radio Okapi, Claude Leroy
aborde divers sujets concernant notamment le tirage au sort, la
préparation des Léopards et les ambitions des Léopards pour la CAN
proprement dite. « Quant à la finale avec la RDC, je n’ose même pas en
rêver. Rien que d’y penser, il y a beaucoup d’émotions qui me gagnent.
Pour ce pays, ça serait la meilleure chose qui pourrait lui arriver »,
dit-il.
Radio Okapi: Vous avez réussi votre premier objectif, la
qualification malgré la défaite 2-1 lors du dernier match des
éliminatoires. Quelles sont vos impressions ?
Claude Leroy : Je suis content. Notre grand objectif était de
ramener de nouveau la RDC dans une coupe d’Afrique des nations.
C’est fait. On a fait une très mauvaise [prestation pendant les] vingt
premières minutes. C’est toujours difficile pour les joueurs-quand on
sait qu’on a gagné un match aller par 4-0-de toujours rester concentrés
parce qu’on pense que le plus dur a été fait. Or, ce n’est pas le cas.
Restons sur ce match contre la Guinée. La RDC a été menée par 2-0 après 35 minutes de jeu. Avez-vous eu peur d’une élimination ?
Non, je n’avais pas peur, car je devais faire des changements. C’est
ce qui a été fait. J’ai sorti Joël Kimwaki, qui passait complètement à
côté de son match, pour faire entrer Chancel Mbemba. Si j’avais eu
peur, j’allais prendre la sécurité d’un joueur vraiment expérimenté. Je
n’étais pas inquiet.
J’étais préoccupé à ce qui se passait. Mais, je disais aux joueurs
au bord de la touche [du terrain] : de ne pas perdre les pédales et
qu’ils devaient marquer le but du chaos. Car on ne sait jamais, ce qui
peut se passer dans un déroulement d’un match. Si elle [la guinée
Equatoriale] avait marqué un troisième but, donc à 3-0 là, la peur
allait nous gagner. C’est pourquoi, je répétais toujours: «Il faut
faire attention à cette équipe».
Sur quels points les équato-guinéens ont-ils progressé par rapport au match gagné par la RDC à Kinshasa 4-0 ?
Ils ont progressé sur le recrutement. Elle [la Guinée Equatoriale]
s’est amenée avec dix nouveaux joueurs par rapport au match aller (à
Kinshasa, le 9 septembre). Ils avaient tous des passeports établis le
10 octobre, soit quatre jours avant ce match. Ils sont arrivés du
Brésil, de la Colombie, d’un peu partout.
Ils avaient quelques bons joueurs notamment leur gardien de but.
C’est quand même étrange que la Caf permette des situations pareilles.
La Guinée Equatoriale est devenue les nations unies du football. Et
pour le football africain, je ne pense pas que ça soit une bonne chose
de donner des naturalisations comme ça à tous vents.
Et puis…en Afrique, ce n’est jamais facile. Les matchs à l’extérieur sont toujours compliqués.
La Caf vous a placé dans le quatrième chapeau pour le tirage
au sort du 24 octobre prochain, en fonction des résultats de précédents
tournois, avec le Togo, le Cap- vert et l’Ethiopie. Qu’est-ce que vous
en pensez ?
C’est logique. Puisque les résultats sont pris sur base des
dernières éditions. Puisqu’il y avait aucune participation de la RDC
aux CAN 2008, 2010 et 2012.
Bien avant le match, je savais qu’en cas de qualification, nous serions dans le
quatrième chapeau.
On va là-bas après autant d’années d’absences pour retrouver le goût de
la compétition, de réapprendre sans objectif majeur. On va pour
réapprendre, sans donner des leçons à qui que ce soit, mais de montrer
la qualité et poser des problèmes à tous nos futurs adversaires.
De toutes les équipes qualifiées, laquelle peut vous causer du tord ?
A ce niveau de la compétition, il faut prendre toutes les équipes au
sérieux et n’avoir peur de personne. Il faut se méfier de toutes les
équipes. Quand vous voyez le résultat qu’a produit le Cap-Vert en
éliminant le Cameroun, contrairement à la Guinée Equatoriale qui a été
aux quarts de finale en 2012. Au niveau international, toutes les
équipes sont à prendre en considération. Souvenez-vous des medias
français qui parlait avec mépris du Japon [ Le Japon a battu la France
par un but à zéro en amical, le 12 octobre à Paris). C’est une bonne
leçon de manque d’humilité pour la France.
Quel est votre objectif lors de cette Can en Afrique du Sud ?
Je crois que là, nous sommes repartis très loin que quand je suis
arrivé en 2004, où il y avait beaucoup des joueurs qui évoluaient dans
de grandes équipes professionnelles. Mais, ce n’est plus le cas.
Donc, l’ambition c’est de pratiquer un football de qualité et puis
on va y travailler match après match tranquillement, sans se mettre de
pressions inutiles. Il faut qu’on se qualifie pour les quarts de
finale, mais, on sait notre grand objectif était d’être en Afrique du
sud. On sait que l’appétit vient en mangeant. Si on a la chance de
faire un bon match pour le premier qui est souvent déterminant, bien
évidemment nos ambitions se développeront petit à petit, mais surtout
je ne veux pas faire moindre déclaration.
Attendons le tirage au sort. En 2006, certes, nous étions tombés
dans un groupe avec deux mondialistes (Angola et Togo) qui étaient
plein boom. Ils venaient de se qualifier pour le mondial Allemagne 2006
et le Cameroun qui était à cette époque là l’éternelle grande équipe de
football africain. Personne ne nous croyait sortir de ce groupe. Mais,
nous y étions n’eut été le quart de final avec l’Egypte, pays
organisateur. Donc, on va y aller profil bas, tranquille, humble et on
verra la suite.
Comment comptez-vous préparer cette Can 2013 ?
On va commencer le 3 janvier. Nous allons chercher un endroit où il
fait bon, pas très chaud. Au bord de la mer où l’on fera un travail de
renforcement musculaire. Le tout sur des plages avec un bon terrain
d’entrainement de football, dans des conditions très calmes, de
retraite où l’on ne pensera qu’à bosser. On verra peut-être dans le
golfe où j’avais préparé une CAN avec le Ghana [en 2008] dans des
conditions formidables. C’était entre Abou Dhabi et Doubaï loin de
tout. Car c’est là qu’il y a des conditions idéales pour pouvoir bien
préparer cette CAN qui sera en pleine été australe où il faudra arriver
avec beaucoup de réserves énergétiques.
Mais, avant ca, le 14 novembre, nous aurons un match amical avec une
équipe à déterminer. La préparation proprement dite débutera le 3
janvier, car en décembre, il y a des championnats européens qui seront
en compétition, tout comme le championnat national. Donc, il faut faire
attention de ne pas multiplier trop de matches pour les joueurs qui
doivent être en forme au moment de la CAN
Allez-vous toujours être à la conquête des joueurs congolais de l’étranger ?
Oui, ma quête de voir certains joueurs nous
rejoindre ne s’arrête pas. Je veux continuer de le convaincre. Et
surtout comme on est qualifié. Ils ont d’échos favorables provenant de
leurs copains qui nous ont rejoints. L’équipe a maintenant un
ostéopathe. A tout le niveau, on essaye de devenir le plus
professionnel possible. Donc ca donne envie à ceux qui avaient décidé
de ne plus venir en équipe nationale de revenir [cas de Youssouf
Mulumbu]. Jires Kembo est l’une de mes priorités, mais il n’y a en a
d’autres tels qu’Assani Mulongoti, Terence Makengo, Eliaquim Mwangala
[capitaine de FC Porto et joueur des U23 français]. Ce serait une bonne
chose s’ils changeaient de direction. Puisque ça n’a jamais empêché
Didier Drogba, Samuel Eto’o ou Georges Weah de faire de carrière du
plus haut mondial en faisant le choix de leur équipe nationale
d’origine. Ce sont des exemples qui parlent pour essayer de convaincre
tous ces joueurs.
On ne va pas prendre 50 professionnels, mais quatre ou cinq pour
renforcer le groupe, tout en gardant une dynamique avec les joueurs
locaux. Car c’est ça l’équilibre idéal.
Yves Diba Ilunga n’est plus rappelé en sélection. Qu’en est-il exactement?
C’est un bon joueur, mais il est en pleine
concurrence avec d’autres joueurs qui ont montré un petit plus par
rapport à lui dans ces derniers mois. Donc, il y a certains joueurs
assez âgé, j’en veux pas trop comme remplaçant. Dans le remplacement,
il faut toujours un noyau des joueurs très jeunes pour d’échéances
futures. C’est comme ça que j’ai sélectionné lors de ce dernier match
contre la Guinée Equatoriale quelques Léopards juniors.
Un mot à tous les Congolais ?
Je remercie tout le peuple congolais qui m’a aidé à
qualifier cette équipe et aussi à battre le record des entraineurs
participant en phase finale de la CAN. Ce sera pour moi, la septième.
Et aussi, j’ai déjà dirigé vingt-huit matchs de phase finale. Je sais
que ce n’est pas encore fini. Quant à la finale avec la RDC, je n’ose
même pas en rêver. Rien que d’y penser, il y a beaucoup d’émotions qui
me gagnent. Pour ce pays, ça serait la meilleure chose qui pourrait lui
arriver, mais moi je n’en suis pas là pour le moment. Je suis là pour
comment gérer les trois premiers matchs.