vendredi 3 juillet 2015

Chili-Argentine, une finale de Copa America électrique

mediaLe Chilien Arturo Vidal et l'Argentin Lionel Messi (à droite).REUTERS/Ueslei Marcelino/Marcos Brindicci - MONTAGE/RFI
Les amateurs de beau football se réjouissent de voir les deux équipes qui ont pratiqué le meilleur jeu de cette Copa America 2015 se retrouver en finale, ce 4 juillet à Santiago. Pourtant, le choc entre le Chili et l’Argentine risque d’être terni par un climat belliqueux dans les tribunes et dans les médias, par un arbitrage beaucoup trop laxiste jusqu’à présent et par le fait qu’Argentins et Chiliens ont vraiment besoin de gagner ce trophée presque centenaire.
La finale de la Copa America 2015, ce 4 juillet à partir de 20h (TU), s’annonce comme un sommet du football. Sur la pelouse, il y aura notamment quatre finalistes de la dernière Ligue des champions européenne : Lionel Messi et Javier Mascherano pour l’Argentine, Claudio Bravo et Arturo Vidal pour le Chili. Mais aussi beaucoup d’autres stars, comme les Argentins Sergio Agüero, Angel Di Maria et Gonzalo Higuain ou le Chilien Alexis Sanchez.
Pour ses 99 ans, la plus ancienne compétition de nations au monde n’a rien à envier à son homologue européenne, le Championnat d’Europe, pourtant créée plus récemment (en 1960) et mieux dotée.
Cette Copa America 2015 a tenu toutes ses promesses. Elle a pourtant commencé le 11 juin, dans les miasmes d’un « FIFAgate » qui touche de nombreux dirigeants sud-américains, soupçonnés entre autres d’avoir fait de cette coupe sud-américaine des nations un moyen de s’enrichir à coups de pots-de-vin.
Certes, des équipes très attendues, comme le Brésil de Neymar ou la Colombie de James Rodriguez et Falcao, ont plutôt déçu. Mais d’autres formations beaucoup moins attendues, comme le Pérou, le Paraguay ou même le Venezuela, ont relevé le défi, confirmant la réputation de tournoi très relevé de cette Copa America née en 1916.
Le Chili la veut tellement
Pour le Chili, l’un des trois cancres sud-américains qui n’a jamais remporté le tournoi (les deux autres sont l’Equateur et le Venezuela), le rêve d’enfin y parvenir s’est transformé en obsession à mesure que la Roja (le surnom de l’équipe nationale) terrassait ses adversaires. La Roja sait que l’occasion de cette Copa America à domicile est trop belle, après une excellente Coupe du monde 2014 où elle avait dominé le tenant du titre, l’Espagne, mais où elle était tombée aux tirs-au-but face au pays hôte, le Brésil.
Bâtie par l’Argentin Marcelo Bielsa entre 2007 et 2011, cette équipe chilienne s’appuie toujours sur l’héritage laissé par celui qu’on surnomme « El Loco » (« le fou ») et poursuivi par son compatriote Jorge Sampaoli depuis trois ans. Ses stars, Alexis Sanchez (Arsenal/Angleterre), Claudio Bravo (Barcelone/Espagne) ou Arturo Vidal (Juventus Turin/Italie), sont bien accompagnés par un effectif de qualité, ou le talent d’un Jorge Valdivia (Palmeiras/Brésil) ou d’un Eduardo Vargas (Queens Park Rangers/Angleterre), meilleur buteur de la compétition se joignent à la solidité d’un Charles Aránguiz (Internacional Porto Alegre/Brésil), d’un Gary Medel (Inter Milan/Italie) ou d’un Eugenio Mena (Cruzeiro/Brésil). Le tout dans un système de jeu « à la Bielsa », porté vers l’avant, où les brins de folie s’accompagnent parfois de grosses lacunes défensives comme face au Mexique (3-3) ou en demi-finales face au Pérou.
Accident de Ferrari et doigt dans les fesses
Certes, le Chili n’a pas été exemplaire sur toute la ligne depuis le début de cette Copa America. Il y a notamment eu l’affaire Vidal. La star turinoise, profitant d’une journée de repos un peu trop arrosée, a terminé au commissariat après avoir provoqué un accident avec sa Ferrari et insulté les policiers qui étaient intervenus. Il y a aussi eu le scandale suscité par son défenseur Gonzalo Jara, suspendu pour le reste du tournoi. Jara avait provoqué l’expulsion de l’Uruguayen Edinson Cavani en enfonçant un doigt dans les fesses du Parisien. Enfin, un arbitrage la plupart du temps trop favorable à l’équipe locale a suscité des interrogations…
Un ensemble d’incidents qui ont fini par donner à la Roja un parfum de scandale que son jeu ne mérite pas vraiment. Favorisée par un tirage au sort clément, qui lui a évité de se mesurer aux principaux favoris (sauf l’Uruguay en quarts de finale), le Chili voit désormais se dresser face à son rêve la meilleure équipe de ce tournoi.
L’Argentine fait peur
C’est peu dire que l’Argentine de Messi et compagnie fait peur, comme le reconnaît sans ambages la presse locale. Le carton réussi par les finalistes de la dernière Coupe du monde face au Paraguay (6-1) a ébréché la folie nationaliste qui s’était emparée du Chili.
Une équipe d’Argentine revisitée par le sélectionneur Gerardo Martino, finaliste déjà de la précédente Copa America avec le Paraguay. Une équipe dont le jeu n’a rien à voir avec celui pratiqué un an plus tôt au Brésil. Elle évolue désormais dans un 4-3-3 qui rappelle celui du FC Barcelone (que Martino entraînait la saison dernière), avec l’indispensable Messi et l’incontournable Mascherano - mais sans la qualité barcelonaise dans la remontée du ballon.
L’Argentine, qui deviendra la meilleure équipe du monde dans le prochain classement FIFA, dit craindre davantage l’arbitrage que ses adversaires. Un discours qui ne risque pas d’éteindre le chauvinisme quelque peu belliqueux d’un public chilien peu disposé à voir ses voisins soulever la Copa America une fois encore chez lui, comme lors de la dernière édition organisée au Chili en 1991. D’autant moins disposé que, selon le système de rotations des pays hôtes actuellement en vigueur, le Chili ne devrait pas accueillir la Copa America avant… 2059 !

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